Belgique, terre d'insécurité ?

17/06/2012 00:00

 

V. Van Vyve

 

Comment combattre l'insécurité ? Le débat s'enflamme depuis les incidents de Molenbeek. La thématique, soulevée cette semaine par Vincent de Wolf (MR), était abordée sur le plateau de Mise au point (RTBF).

Vincent de Wolf (MR) avait rallumé la mèche en critiquant l'"irresponsabilité" de Joëlle Milquet, ministre cdH de l'Intérieur, en matière de sécurité. Laquelle avait fermement répondu en étalant son bilan et les réformes en cours de confection. Le débat s'est poursuivi de vive voix sur le plateau télévisé, la ministre de l'Intérieur regrettant les propos "faux et mensonger" du Libéral. "C'eut été bien qu'il demande des renforts s'il estimait qu'il y avait des problèmes de sécurité", a-t-elle relevé. Et de poursuivre : "Je ne vais pas rentrer dans le bac à sable des polémique en période pré électorale". Joëlle Milquet a déploré le double discours du Mouvement Réformateur, qui dénonce le manque d'effectif policier d'une part et bloque les décision politiques d'autre part.

Les deux acteurs politiques sont tombés d'accord sur un point : Le bourgmestre d'Etterbeek, qui a précisé s'exprimer au nom du président du parti Charles Michel, a souligné que la politique de sécurité devait être épargnée par les efforts d'économies déployés au sein de la majorité. "C'est nouveau. Je prends acte et j'attends la réponse de Didier Reynders (le vice-Premier ministre MR, ndlr) en comité ministériel restreint mercredi", a réagi Joëlle Milquet.

Comment combattre l'insécurité - ou le sentiment d'insécurité - dont bon nombre de citoyens se plaignent ?

La demande de la population en matière de sécurité est présente. "La ville est-elle devenue à ce point dangereuse ?", a tempéré Christian De Valkeneer, procureur général de Liège.

"Il faut restaurer la confiance des citoyens", a plaidé Charles Picqué (PS), qui souhaite la mise sur pied de "mesures durables et structurelles". Et de tenir un discours que l'on entend peu dans la bouche des socialistes : "Il faut augmenter les effectifs policiers d'une part et veiller à l'application des sanctions de l'autre", a-t-il dit. "Si l’État faillit dans l'exercice de l'autorité et dans le respect des règles, cela mènera à la perte de la confiance des citoyens dans le système démocratique", a prévenu Charles Picqué.

Un plan Vigipirate ?

"Un plan de relance et de redéploiement de la justice et de la police est indispensable", a appuyé Joëlle Milquet. Si Vincent de Wolf proposait une plan Vigipirate à la Belge, Jean-Michel Javaux (Ecolo) plaidait pour une police de proximité plus présente : "les policiers de terrain permettent d'anticiper les nouveaux problèmes de société. Ne relâchons pas une politique qui a porté des résultats".

"On a démilitarisé la Gendarmerie et maintenant on veut remettre des militaires dans la rue.... un peu de cohérence !", rappelait Eddy Lebon, du syndicat Sypol. L'option de militaires en soutien de la police serait réservée à des cas exceptionnels, a rappelé J. Milquet.

Manque de policiers, justice engorgée

Eddy Lebon a déploré, en tête, les "effets d'annonce" concernant l'augmentation des forces de police par les ministres (tous libéraux) ayant précédé Mme Milque à l'Intérieur ces dix dernières années, applaudissant cependant les mesures prises par l'actuelle ministre. Lui emboitant le pas, les acteurs présents sur le plateau de la télévision publique ont unanimement souligné le manque criant de policiers, principalement dans les grandes villes du pays. Et le manque de moyens qui sont alloués à la sécurité, "dépendant d'un système entier", comme l'a précisé Christian De Valkeneer.

Le système judiciaire est engorgé, les Parquets sont débordés, les prisons sont surpeuplées. Afin de briser ce cercle, les intervenants ont soulevé la nécessité d'une accélération des procédures. "La réponse doit être plus rapide entre le fait commis et le jugement", a soulevé à cet égard Vincent de Wolf. "La justice doit fonctionner plus vite", a embrayé Bernard Clerfayt, FDF, député-bourgmestre de Schaerbeek.

La justice est laxiste parce qu'elle manque de moyens, humains et financiers. Gérer les "flux", augmenter le nombre d'agents de police et de magistrats semble dès lors indispensable au bon fonctionnement de l'entièreté de l'appareil judiciaire. Joëlle Milquet a demandé "officiellement" que soient débloqués les budgets nécessaires à une politique "d'optimalisation". Dont acte des acteurs concernés.

Quel équilibre trouver entre répression et prévention ? On donnera la mot de la fin à Christian De Valkeneer : "Il est plus important de mener des politiques sociales plutôt que de privilégier un "tout à la justice".